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STAGE JARGONS GESTUELS

danse et philosophie avec Mathilde Papin et Emma Bigé

L’idée du stage est venue d’un petit passage dans Penser comme un iceberg d’Olivier Remaud. Ce passage décrit une coutume des autochtones du Groenland : certains matins quand il y a eu du mouvement dans les icebergs, une personne fait une petite danse pour en faire le compte rendu aux autres (là-bas un petit bloc s’est détaché, l’iceberg qui était à l’Est a disparu, etc.).

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 © Shoji Ueda

La danse peut donc servir à ça, à faire des restitutions des allures rythmiques du monde. Elle peut servir à « rendre sensibles les différentes allures du mouvement autour de moi » (Emma Bigé, dans Mouvementements).  La danse peut partager des informations spatiales sous forme de codes, de hiéroglyphes. On sait que les abeilles font ça aussi, des danses pour indiquer aux autres la direction et la distance d’une source de nourriture.

 

La danse serait donc capable de faire des synthèses sur le cours de choses et sur les évènements qui nous arrivent. Alors, on pourrait imaginer qu’elle sache faire des « petits contes philosophiques gestés » (pour parler aussi par exemple de nos politiques ou de nos ontologies).

 

Dans ce stage, on se proposera donc de chercher les moyens et les formes de ces synthèses dansées. On se fera croire qu’elles délivrent des informations sur le cours des choses. On se fera croire que même une danse improvisée contient un « jargon » que tout le monde comprend.

 

On testera pour cela nos coordonnées chorégraphiques selon la « portée » que l’on veut donner à nos gestes, selon à qui ils s’adressent. Est-ce une danse pour nos proches, pour un groupe qui nous regarde depuis la hauteur d’une colline, pour quelqu’un ou quelque chose d’absent ? On se demandera qu’est-ce que ces changements d’échelle font à nos gestes et comment leur donner une pluralité d’adresses possibles.

 

Mathilde Papin et Emma Bigé guideront les pratiques d’échauffement, puis Mathilde Papin proposera des dispositifs chorégraphiques, des jeux (beaucoup sont issus de la pièce qu’elle est en train de fabriquer, Trois Colliers) et Emma Bigé proposera des pratiques textuelles : des écoutes de philosophie et de sciences humaines (y compris de son travail qui vient de paraître aux éditions La Découverte, Mouvementements), des micro-conférences, des pratiques d’analyses et de commentaires improvisés.

Le 17 et 18 juin 23 à Honolulu à Nantes (https://honolulu.oro.fr/calendrier/jargons-gestuels)

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OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES :

  • rechercher des motifs chorégraphiques

  • travail pour l'interprète, tester les différents investissements toniques, observer la relation entre l'adresse du geste et la qualité tonique

  • travail des dispositifs, scores, coordonnées chorégraphiques

  • se demander quels savoir-penser se font jour dans ses études chorégraphiques

  • entendre des auteur.e.s et essayistes contemporain.e.s

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STAGES PASSÉS

Fictions

« C’est pluraliser, subtiliser qu’il faudrait, sans frein ».

 

Ce stage est comme sous la houlette de Roland Barthes, en s’inspirant des pratiques chorégraphiques de Lisa Nelson, de Loïc Touzé et, pour la parole, de Joris Lacoste. 

 

Pour commencer, pour alimenter le désir du groupe d’être un groupe qui s’autoentretient, qui prend en charge ses variations d’énergie, on passe par quelques jeux simples, quelques dynamiques, quelques manières de rencontrer l’espace. Mais déjà la tonalité du stage se donne par un échauffement de l’imaginaire. Dans le mouvement, entre les gestes, les jeux insinuent des « visions », des imitations, des traductions. L’idée est de « pluraliser » les personnes avec qui l’on danse, d’ajouter des êtres imaginaires - à l’intérieur du corps comme dans l’espace. 

 

Ensuite, on met en commun toutes ces évocations en utilisant la cheville du Neutre. Les figures du Neutre chez Barthes c'est entre autres ; « la prose, la discrétion, le principe de délicatesse, la dérive, tout ce qui esquive ou déjoue ou rend dérisoire la parade, la maîtrise, l’intimidation ».

« Le Neutre, c’est la catégorie éthique qui nous est nécessaire pour lever la marque intolérable du sens affiché, du sens oppressif ».

 

Alors, on travaille à des partitions chorégraphique qui se jouent du Vrai et du Faux. On cherche à « dériver » en mettant en déroute le « registre » (de gestes, d’images) dans lequel on est : on le coupe, on en glisse, avant qu’il ne s’installe. Les bêtes, les végétaux, les codes sociaux, les sentiments, les discours que l’on danse ; en les formalisant on les interroge. 

 

Ce serait travailler à des « Fictions Ethnologiques » comme dirait Barthes : le discours ethnologique permet « d’interroger historiquement même les objets réputés les plus naturels : le visage, la nourriture, le vêtement, la complexion ». De manière encyclopédique, l’ethnologie note et classe « toute la réalité, même la plus futile, la plus sensuelle ; le discours ethnologique lui paraît le plus proche d’une Fiction ».

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Roland Barthes, Roland Barthes par Roland Barthes, Ed. Le Seuil, 1975.

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